vendredi 23 décembre 2016

Jorge de Sena - "Natal de 1971 / Noel de 1971"


Jorge de Sena (1919-1978)  - poète portugais


Deux liens sur la vie très intense et sur l'oeuvre de ce poète, essayiste, romancier, dramaturge et critique,qui partit pour l'exil au Brésil pour fuir la dictature qui sévissait au Portugal, puis avec le changement politique du Brésil, émigra à nouveau cette fois pour les Etats-Unis:

http://cvc.instituto-camoes.pt/seculo-xx/jorge-de-sena-55876-dp1.html#.WF2XBYXXLIU


Jorge de Sena nasceu em Lisboa, a 2 de novembro de 1919, e faleceu em Santa Barbara, na Califórnia, a 4 de junho de 1978
















Voici ma traduction libre de ce joli poème qui parle de Noël, mais avec beaucoup de questions:

NOËL DE 1971

Noël de quoi? De qui?
De ceux qui ne l'ont pas?
De ceux qui ne sont pas chrétiens?
Ou de ceux qui portent sur le dos
les cendres de millions d'autres?
Noël de paix maintenant
sur cette terre de sang?
Noël de liberté
dans un monde d'opprimés?
Noël de l'injustice
toujours à tous volée?
Noël d'être égaux
dans le fait d'être conçu,
d'un ventre être né,
pour de l'amour souffrir
de la mort mourir,
et d'en être oublié?
Noel de la charité,
quand la faim continue à tuer?
Noël de quel espoir
dans un monde plein de bombes?
Noël de l'honête foi,
de gens qui sont la trahison,
l'horrible haine, la méchanceté,
et même le Noël d'amour ?
Noël de quoi? De qui?
De ceux qui ne l'ont pas,
de ceux qui en regardant au loin
rêvent d'une vie humaine
un monde qui n'existe pas ?
Ou de ceux qui se torturent
et torturés ils le sont
dans leur croyance que les hommes
doivent se tendre la main ?




NATAL DE 1971

Natal de quê? De quem?
Daqueles que o não têm?
Dos que não são cristãos?
Ou de quem traz às costas
as cinzas de milhões?
Natal de paz agora
nesta terra de sangue?
Natal de liberdade
num mundo de oprimidos?
Natal de uma justiça
roubada sempre a todos?
Natal de ser-se igual
em ser-se concebido,
em de um ventre nascer-se,
em por de amor sofrer-se,
em de morte morrer-se,
e de ser-se esquecido?
Natal de caridade,
quando a fome ainda mata?
Natal de qual esperança
num mundo todo bombas?
Natal de honesta fé,
com gente que é traição,
vil ódio, mesquinhez,
e até Natal de amor?
Natal de quê? De quem?
Daqueles que o não têm,
ou dos que olhando ao longe
sonham de humana vida
um mundo que não há?
Ou dos que se torturam
e torturados são
na crença de que os homens
devem estender-se a mão?

Jorge de Sena

dimanche 11 décembre 2016

Antonio Gedeao - "Pedra filosofal / pierre philosophale"


Antonio Gedão - Pedra filosofal - chanté par Manuel Freire - publié par Eduardo Cunha

Antonio Gedeão   –   poète portugais

De son vrai nom Rómulo Vasco da Gama de Carvalho, professeur et poète portugais né à Lisbonne le 24 novembre 1906, décédé en 1997.

Je vous invite à lire et à écouter ce poème écrit dans les années 60, très connu, de ce grand poète portugais du siècle dernier, et pour cela je vous propose une traduction libre du texte:

Pedra filosofal / pierre philosophale

Ils ne savent pas que le rêve
est une constante de la vie
aussi concrète et définie
que n'importe quelle autre chose,
comme cette pierre grise
sur laquelle assis je me repose,
comme ce ruisseau acalmé
en de sereins soubressauts,
comme ces sapins hauts
qui de vert et or s'agitent,
comme ces oiseaux qui crient
en des soûleries d'Azur


Ils ne savent pas que le rêve,
est le vin, l'écume, le ferment,
petit animal vif et assoiffé,
avec son museau pintu,
qui creuse au travers de tout
dans un perpétuel mouvement.


Ils ne savent pas que le rêve
est la toile, la couleur, le pinceau,
la base, le fût, le chapiteau,l'arc en ogive,
le vitraille pinacle de cathédrale,
le contrepoint, la symphonie,
qu'il est la moufle de l'alchimiste,
l'or, la cannelle, l'ivoire,
le fleuret de l'escrimeur,
les coulisses, le pas de danse,
Colombine et Arlequin,
la machine volante,
le paratonnerre, la locomotive,
le bateau à la proue festive,
le haut fourneau, le générateur,
la scission de l'atome, le radar,
l'ultra-son, la télévision,
l'aterrissage en fusée
sur la surface lunaire.


Ils ne savent pas, ni ils devinent,
que le rêve comande la vie.
Qu'à chaque fois que l'homme rêve
le monde rebondit, et va de l'avant
comme un ballon coloré
entre les mains d'un enfant.

António Gedeão, vivant sous le régime de la dictature qui a gouverné le Portugal pendant près de 40 ans jusqu'à la Révolution des Oeillets qui a eu lieu le 25 avril 1974, faisait partie des poètes qui lutaient pour la liberté d'expression.
Dans ce poème, il critiquait la répression sous toutes ses formes; intégré dans le mouvement des artistes engagés, ce poème était un cri de révolte et en même temps d'espoir pour toute une génération.

Et voici le texte original:

Eles não sabem que o sonho
é uma constante da vida
tão concreta e definida
como outra coisa qualquer,
como esta pedra cinzenta
em que me sento e descanso,
como este ribeiro manso
em serenos sobressaltos,
como estes pinheiros altos
que em verde e oiro se agitam,
como estas aves que gritam
em bebedeiras de azul.

Eles não sabem que o sonho
é vinho, é espuma, é fermento,
bichinho álacre e sedento,
focinho pontiagudo,
que fossa através de tudo
num perpétuo movimento.

Eles não sabem que o sonho
é tela, é cor, é pincel,
base, fuste, capitel,
arco em ogiva, vitral,
pináculo de catedral,
contraponto, sinfonia,
máscara grega, magia,
que é retorta de alquimista,
mapa do mundo distante,
rosa dos ventos, Infante,
caravela quinhentista,
que é cabo da Boa Esperança,
ouro, canela, marfim,
florete de espadachim,
bastidor, passo de dança,
Colombina e Arlequim,
passarola voadora,
para-raios, locomotiva,
barco de proa festiva,
alto-forno, geradora,
cisão de átomo, radar,
ultra-som, televisão,
desembarque em foguetão
na superfície lunar.

Eles não sabem, nem sonham,
que o sonho comanda a vida.
Que sempre que o homem sonha
o mundo pula e avança
como bola colorida
entre as mãos de uma criança.

António Gedeão