vendredi 29 décembre 2017

David Mourao-Ferreira - "Natal a Beira-rio / Noel en bord de riviere"



David Mourão-Ferreira (1927-1996) né et décédé à Lisbonne, a été une présence marquante dans la littérature du Portugal du XXe siècle.
Romancier, poète, licencié en Philologie romane (faculté de Lettres de Lisbonne), traducteur, critique littéraire, passionné par sa ville natale dont il nous rend présentes les émotions avec beaucoup d'intensité.



Le poème sur Noël est l'occasion de reprendre un thème qui lui est cher, la nostalgie de l'enfance heureuse, quando les Noëls étaient plein de magie dans les rues, au bord du Tage.


Voici ma traduction libre du poème sur Noël:

Natal à Beira-rio / Noël en bord de rivière

Est-ce  le bras du sapin qui frappe à la fenêtre?
Et la petite aiguille qui court vers sa destinée!
Tais-toi, vieux vent! C’est Noël qui passe,
qui de l’eau m’apporte l’enfance ressuscitée.

De la maison où je suis né on voyait le fleuve.
Si jeunes mes parents, si jeunes dans le passé!
Et l’enfant Jesus naissait à bord d’un navire
qui était sur le quai, la nuit, illuminé...

Oh nuit de Noël, quelle odeur de marée!
Aprés, je ne sais plus qui j’étais perdu sur la terre.
Et plus sur terre la terre m’enveloppait
plus la terre devenait le nord de celui qui errait.

Viens, Poésie, viens, maintenant me conduire
sur le bord de ce quai où Jesus naissait..
Serais-je après tout, de ceux qui errant sur la terre ferme,
de Jésus, de la Mer, ou de la Poésie, sentent la necessité!



                                                            David Mourão-Ferreira
Natal à Beira-rio 

É o braço do abeto a bater na vidraça?
E o ponteiro pequeno a caminho da meta!
Cala-te, vento velho! É o Natal que passa,
a trazer-me da água a infância ressurrecta.

Da casa onde nasci via-se perto o rio.
Tão novos os meus Pais, tão novos no passado!
E o Menino nascia a bordo de um navio
que ficava, no cais, à noite iluminado...
.
Ó noite de Natal, que travo a maresia!
Depois fui não sei quem que se perdeu na terra.
E quanto mais na terra a terra me envolvia
mais da terra fazia o norte de quem erra.
.
Vem tu, Poesia, vem, agora conduzir-me
à beira desse cais onde Jesus nascia...
Serei dos que afinal, errando em terra firme,
precisam de Jesus, de Mar, ou de Poesia!


David Mourão-Ferreira
Cancioneiro de Natal (1971) 

Rues de Lisbonne avec vue sur le Tage


mardi 5 décembre 2017

Olavo Bilac - "Lingua Portuguesa / La langue portugaise"



Olavo Braz Martins dos Guimarães Bilac - poète parnassien,  journaliste et écrivain brésilien, né à Rio de Janeiro, le 16 décembre 1885 - décédé le 28 décembre 1918.


D'après Wikipedia, on peut lire:

...Le nom Parnasse est, à l'origine, celui d'un massif montagneux de Grèce. Dans la mythologie grecque, ce massif était, comme Delphes, consacré à Apollon et il était considéré comme la montagne des Muses, le lieu sacré des poètes. Le Parnasse, devenu le séjour symbolique des poètes, fut finalement assimilé à l'ensemble des poètes, puis à la poésie elle-même... ...

Le Parnasse est un mouvement littéraire ayant eu ses origines en France au XIXème siècle qui s'est créé en réaction contre le romantisme. ...Les parnassiens rejettent l'idée que la littérature puisse être engagée...






Dans ce poème, Olavo Bilac rend hommage à la langue portugaise qu'il admire, et décrit  sa trajectoire et son évolution.
La dernière fleur de Latium est la langue portugaise, originaire du latin parlé dans cette région située au coeur l'empire romain. En même temps splendeur et sepulture (du latin qui disparait), elle gagne à être encore polie et possède toutes sortes de sons qui provoquent des sentiments de nostalgie et de tendresse. Après avoir traversé l'océan, la langue portugaise s'imprégne des aromes de la forêt (du Brésil), où les  premiers mots que les enfants entendent sont en portugais. C'est dans cette langue que le grand poète portugais Camões s'est lamenté lorsqu'il était en exil et qu'il écrivait ses  oeuvres.

J'ai preparé  une simple traduction en français, pour aider ceux qui ne dominent pas cette langue:


Língua Portuguesa / La langue portugaise 




Dernière fleur de Latium, inculte et belle,
Tu es, en même temps, splendeur et sépulture:
Or natif, qui dans la gangue impure
La mine brute entre les graviers surveille...

Je t'aime ainsi, inexplorée et obscure.
Clairon de grande clameur, lyre alanguie,
Qui grondes et siffles telle la tempête,
Et chantes pleine de nostalgie et de tendresse!


J'aime ta vigueur agreste et ta fragrance
De forêts vierges et de vaste océan!
Je t'aime, oh langage rude et lancinant,

par lequel de la voix maternelle j'ai entendu "mon fils!",
Et dans lequel Camões a pleuré, dans un exil affligeant,
Le génie sans fortune et l’amour éteint !



Et voici le texte original do poème Lingua Portuguesa:
Última flor do Lácio, inculta e bela,
És, a um tempo, esplendor e sepultura:
Ouro nativo, que na ganga impura
A bruta mina entre os cascalhos vela...
Amo-te assim, desconhecida e obscura.
Tuba de alto clangor, lira singela,
Que tens o trom e o silvo da procela,
E o arrolo da saudade e da ternura!
Amo o teu viço agreste e o teu aroma
De virgens selvas e de oceano largo!
Amo-te, ó rude e doloroso idioma,
Em que da voz materna ouvi: "meu filho!",
E em que Camões chorou, no exílio amargo,
O génio sem ventura e o amor sem brilho!